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Une approche syndicale renouvelée

Avec la «nouvelle gestion publique», les valeurs et les modes d’opération de l’État sont largement inspirés du secteur privé et des principes néolibéraux. L’État va de pair avec le marché et ceci n’est pas sans conséquences sur l’éducation et sur la gestion du système éducatif. Dans ce contexte, où s’ajoutent les défis du monde contemporain (en termes d’environnement, d’énergie et de ressources), la communauté locale est appelée à jouer un rôle de premier plan. Le syndicalisme, comme acteur au sein de cette communauté, est amené à se transformer.

Le bureau syndical du SEECD estime qu’il pourrait être pertinent de renouveler l’approche syndicale en prenant appui sur le mouvement des Communs et sur les initiatives de Transition, où l’empowerment de la communauté et la démocratie participative sont des éléments essentiels. Cette perspective a été brièvement présentée dans les éditoriaux du bulletin syndical Panorama21 de février, mars et mai, de même qu’aux assemblées générales du 13 février et du 25 avril 2017. Cette approche sera discutée lors de la rencontre du 7 juin prochain, pendant laquelle il sera question d’un plan d’action stratégique local.

Un «commun» est constitué d’une ressource et d’une communauté d’usagers qui établit collectivement des règles de gouvernance de cette ressource. Le savoir, les connaissances, la pédagogie, les relations humaines et professionnelles, tout comme le cégep lui-même (comme organisation ou comme lieu physique) sont autant de ressources dont fait usage la communauté collégiale. De l’éthique à la pédagogie, en passant par la citoyenneté, l’environnement ou la technologie, la gestion commune s’articule autour de valeurs et de principes partagés par tous. Elle peut prendre autant de formes qu’il y a de groupes au sein de l’écosystème éducatif. Tout commence par l’engagement individuel et la volonté de coopération dans un objectif de bien commun. Dans cette perspective, le mouvement des communs place l’État dans une position nouvelle et se présente comme une vigoureuse alternative à l’appropriation privée par le marché.

Pour plus d’information sur les communs, il existe une documentation qui croit à chaque jour. Pour commencer, on peut lire le bref ouvrage d’introduction intitulé «La renaissance des communs» de David Bollier. Si vous êtes à l’aise à lire en anglais, nous vous suggérons le bref texte d’Ugo Mattei «First Thoughts for a Phenomenology on the Commons». Il existe aussi le livre «Commun» de Pierre Dardot et Christian Laval, dont Éric Martin de l’IRIS a fait un résumé intitulé «Du néolibéralisme au commun» (partie 1 et partie 2). Le SEECD a également produit une capsule vidéo sur les communs en éducation (adaptée d’une présentation) qui est disponible en ligne.

Concernant la pratique des communs, certains mouvements peuvent être très intéressants à observer. Parmi eux, on remarquera les Initiatives de transition qui cherchent à développer une approche holistique de la résilience des communautés. Ce sont des projets citoyens qui proposent des façons concrètes de s’organiser à petite échelle pour inspirer de grands changements, notamment en ce qui a trait aux défis que représentent les changements climatiques et la fin de l’ère du pétrole. Partout, des Initiatives de transition participent à créer le monde de demain avec une vision positive qui stimule l’engagement. On pourra consulter à cet effet le tout nouveau «Guide essentiel de la Transition» traduit en français. Pour quiconque désire aller plus loin, le «Manuel de Transition» (gratuit en anglais ici), de Rob Hopkins, largement inspiré des principes de la permaculture, est un ouvrage incontournable pour ceux qui désirent participer au changement dès aujourd’hui.

Veuillez confirmer avant le 1er juin si vous comptez participer à la discussion. Merci et bonne lecture !

 

Demi-journée de réflexion

Le bureau syndical tiendra une demi-journée de réflexion pour discuter de diverses préoccupations en vue de l’élaboration du plan d’action syndical, qui sera proposé en assemblée générale lors de la prochaine session. Nous aimerions aborder des sujets tels que l’autonomie départementale, l’implication et la collaboration (notamment dans les comités), la collégialité, l’autonomie professionnelle, l’environnement, etc. Cette rencontre fait suite à la présentation des objectifs généraux des 7 février et 25 avril derniers.

Comme nous souhaitons que ce plan reflète bien les préoccupations de la communauté enseignante, nous vous invitons à vous joindre à nous le mercredi 7 juin dès 9 h 30 h. La discussion prendra la forme d’un échange informel. Si un tel remue-méninges vous interpelle, nous vous demandons de confirmer votre présence avant le 1er juin.

Nous espérons vous y voir en grand nombre!

L’implication dans les comités

Lors de la prochaine assemblée générale (25 avril), vous serez invités à manifester votre intérêt à vous impliquer dans différents comités au cégep. Certains vous sont probablement familiers, alors que d’autres vous sont peut-être inconnus. Afin de vous aider à réfléchir à une possible implication ou d’attiser votre intérêt, nous vous présentons brièvement quelques comités pour lesquels nous devrons élire des représentantes ou représentants prochainement.

Ceux et celles qui ont à cœur la reconnaissance du personnel travaillant au cégep et les activités rassembleuses pourraient être intéressés par le comité de reconnaissance et de valorisation du personnel. Ce dernier organise différentes activités, dont le « party » de Noël, la soirée reconnaissance et l’activité de fin d’année. Le comité de la condition des femmes (CCF) de la FEC et le comité consultatif d’accès à l’égalité ont, quant à eux, pour objectif de discuter, dans le premier cas, de différents enjeux touchant la condition des femmes dans la société et, dans l’autre, des enjeux concernant l’égalité d’accès en emploi au cégep. En plus de participer à quelques rencontres organisées par la FEC durant l’année, les personnes impliquées dans ces comités peuvent organiser des activités locales et doivent assurer le suivi du programme d’accès à l’égalité en emploi auprès de la FEC. Ceux et celles qui ont à cœur les mesures d’aide à la réussite et les étudiants ou étudiantes en situation de handicap (EESH) ou ayant des besoins particuliers (EBP) pourraient se joindre au comité sur les mesures d’aide à la réussite, qui discute de la procédure pour les appels de projets et qui sélectionne les projets qui sont ensuite soumis à la direction pour approbation. Le désir de « réanimer » le comité environnement l’an prochain est également bien présent. Ce comité pourrait mettre en place des projets concernant, par exemple, l’alimentation ou les espaces verts au cégep, ou encore des activités de sensibilisation liées à l’écologie. Le comité en matière de harcèlement et de violence sera aussi réactivé l’an prochain. Il se penchera sur les politiques et les mesures à prendre concernant le harcèlement et les actes de violence de différentes natures qui pourraient survenir au cégep.

Malheureusement, il est impossible de mentionner ici tous les comités existants, mais vous pouvez vous informer auprès de votre équipe syndicale pour en connaître davantage au sujet des différents comités qui nous permettent de travailler en collaboration avec la direction et les autres personnels du cégep ou encore au sujet des comités liés à la FEC ou à la CSQ.

S’impliquer dans un comité est une façon de faire la différence dans le cégep et de tisser des liens avec divers membres de la communauté collégiale. Les comités sont un premier pas vers davantage de collaboration à l’intérieur et même à l’extérieur des murs du cégep. Si cette idée de collaboration vous tient à cœur, manifestez-vous!

Remettre l’éducation sur les rails

Une douzaine de signataires, retraités de l’enseignement, a publié, dans Le Devoir du 6 janvier, un  texte intitulé «Cinq propositions pour remettre l’éducation sur ses rails». Les auteurs proposent de :

  1. réaffirmer les finalités historiques de l’instruction publique;
  2. cesser le financement public des écoles privées et refuser la sélection sociale par les filières d’élite dans le public;
  3. reconnaître le travail des enseignantes et des enseignants en augmentant leur autonomie professionnelle, leur reconnaissance sociale et leur salaire;
  4. revoir les contingentements dans les programmes d’éducation préscolaire et d’enseignement primaire et secondaire, et hausser les critères d’admission;
  5. refuser d’entonner la litanie ministérielle de la réussite éducative et d’avoir recours à la notion d’excellence en éducation en lieu et place d’une réflexion sur les causes et les solutions aux problèmes du système d’éducation.

Le texte est également appuyé par une quinzaine d’autres enseignants.

L’école à l’examen (8/8)

Décrochage scolaire, formation des enseignants, besoins éducatifs de la société québécoise : le quotidien Le Devoir se penche sur ces questions dans une série de 8 textes intitulée L’école à l’examen, publiée du 23 novembre au 1er décembre 2016.

Le dossier s’ouvre avec le professeur Claude Lessard, ex-président du Conseil supérieur de l’éducation dans une entrevue intitulée «Notre système ressemble à un gros millefeuille», dont voici un extrait :

«Comme ministre, je ferais donc de la réduction des écarts de qualité entre les écoles ma priorité, et je chercherais des moyens efficaces pour augmenter la mixité sociale et scolaire. […] J’articulerais aussi à cette priorité une stratégie d’alphabétisation des adultes, car ces adultes ont des enfants… […] Si l’éducation demeure le meilleur investissement que peut faire une société dans son avenir, au-delà du niveau de ressources nécessaires, il y a aussi leur allocation aux bonnes priorités, ainsi que l’organisation du travail des professionnels de l’éducation qui sont importantes. […] Je propose que l’on explore la possibilité de mettre sur pied au cégep un programme préuniversitaire de culture générale pour les futurs enseignants ; je n’en ferais pas la seule voie d’accès à la formation des maîtres universitaires, mais je l’offrirais à celles et ceux qui voudraient élargir leur culture générale avant de commencer une formation universitaire spécialisée. Cela serait utile, notamment mais pas exclusivement, pour les futurs enseignants du primaire. À l’université, j’offrirais des baccalauréats bidisciplinaires de trois ans, complétés par une maîtrise professionnelle de 45 crédits et pouvant être réussie en un an à temps plein, construite en étroite collaboration avec les commissions scolaires et essentiellement vécue sur le mode de l’alternance. […] Je m’assurerais à toutes les étapes de ce continuum — fin du cégep, fin du baccalauréat et fin de la maîtrise — que les futurs enseignants maîtrisent à l’oral comme à l’écrit la langue d’enseignement. N’oublions pas qu’un enseignant parle constamment en classe ; son efficacité pédagogique est liée à la qualité de la langue qu’il utilise en classe. Ces exigences relevées vont de pair avec une rémunération et une autonomie professionnelles plus grandes. La qualité des maîtres est la variable la plus importante en éducation. Plus ils seront compétents, moins on aura à se soucier de systèmes, de dispositifs et de programmes pour les surveiller et pour réguler leur enseignement.»

Le deuxième article, intitulé «Les réformes, je n’en peux plus», exprime le point de vue de madame Françoise Marton Marceau, ex-directrice d’école. On peut y lire ceci :

«Je favoriserais une vraie autonomie des écoles, y compris pour l’embauche des enseignants par la direction et les conseils d’établissement. Il faut hausser les salaires des enseignants. Ils sont sous-payés. Et si on donne de l’autonomie aux écoles, elles devraient être mieux gérables. […] En plus, j’abolirais tous les examens d’entrée à toutes les écoles, publiques ou privées. Je réserverais les examens d’évaluation pour les fins de parcours du primaire et du secondaire. […] Et puis, j’accorderais une attention à l’architecture des écoles et à l’aménagement des classes. Il est important que les enfants soient plus en contact avec la nature et qu’ils évoluent dans des classes mieux adaptées aux nouvelles pratiques pédagogiques. […] Je pense surtout qu’il devient essentiel de développer une sélection autour des habiletés à avoir comme enseignant. Il faut par exemple examiner la capacité créatrice, mais aussi les habiletés à communiquer, à travailler en équipe, à être empathique. […] Je favorise une année complète auprès d’un mentor. Je crois beaucoup au mentorat dans mon métier. Je mentionne un dernier point de la formation qui concerne la culture et l’ouverture à la culture. […] Mais d’après moi, on ne peut réduire les problèmes du système au seul manque de ressources. Il y a aussi le manque de temps pour réfléchir collectivement sur l’école. Il faut donner du temps aux enseignants, aux professionnels, aux directions pour réfléchir ensemble à ce qu’ils font ensemble. Une école n’est valable que si elle demeure cohérente dans son système.»

Le troisième texte intitulé «On emploie des enseignants, pas des robots» est une entrevue avec madame Margarida Romero, spécialiste de l’intégration des technologies en éducation. Elle déclare :

«[Il faudrait] donner le goût et de développer la culture de l’innovation à l’ensemble des acteurs éducatifs. […] Il faut aimer innover, changer la recette, faire des essais, collaborer avec d’autres personnes, s’enrichir par du réseautage, s’ouvrir pour pouvoir intégrer les aspects de nouveautés. […] Il faut repenser l’école pour que les enseignants, les parents puissent développer des projets qui fassent sens dans leur contexte. Qui soient pertinents et propres à chaque école. Que chacun ait le goût d’innover en tenant compte de sa communauté et ses spécificités. […] Je pense qu’il faut redonner, à un niveau plus local, l’occasion d’aller beaucoup plus loin dans leurs idées, dans leurs projets et aussi dans la diversité. […] Les journées pédagogiques, c’est quelque chose qui n’existe pas ailleurs. Il y a des enseignants qui ne prennent pas ça assez au sérieux et ne les utilisent pas à leur juste valeur. Il y a plein, plein de ressources. [La formation des maitres] est encore dans une approche trop disciplinaire. On forme d’une manière trop traditionnelle. Ça fait en sorte que le goût pour l’innovation n’est pas assez développé chez les enseignants. […] Il faut leur dire que ce n’était que l’épisode initial, que maintenant, on espère qu’ils continuent à se former.»

La série se poursuit avec une entrevue tenue avec avec Michelle Sarrazin, directrice des services pédagogiques au Collège Jean-Eudes, dans ce quatrième texte intitulé Les examens «responsables d’une bonne partie du décrochage scolaire» :

«Développer des méthodes de travail efficaces, exercer son jugement critique, coopérer, communiquer de façon appropriée, mettre en oeuvre sa pensée créatrice, résoudre des problèmes et exploiter les technologies de l’information et de la communication : voilà nos véritables compétences transversales ! […] Sans l’ombre d’un doute, il faudra, par exemple, donner les moyens aux écoles de faire le virage numérique, qui ouvre l’esprit des jeunes à toutes les possibilités, qui les met en action et qui leur donne prise sur le monde, sur leur monde. Surtout, il faut accompagner les directions d’école et les enseignants pour qu’ils s’engagent, résolument, dans leur formation continue, qu’ils soient toujours à la fine pointe de la recherche en éducation, des nouvelles approches pédagogiques, des nouveaux outils à leur disposition. […] Ce qu’il faut, surtout, c’est se donner les moyens d’attirer les meilleurs candidats aux postes d’enseignement : des jeunes gens cultivés, curieux, articulés… Et faire la sélection à la base, comme pour les médecins ! Après tout, les enseignants contribuent à former les esprits ! Et devant tous les défis éthiques, philosophiques, politiques, scientifiques et autres qui attendent l’humanité, nous aurons besoin des meilleurs ! Il faut redonner à l’éducation la place qui lui revient.»

Le cinquième texte est une entrevue avec Normand Baillargeon intitulée «Je ne peux m’empêcher de rappeler le travail de la commission Parent», dont voici un extrait :

«Sans hésiter, ce serait de mettre sur pied ce que j’appellerais une commission Parent 2.0. […] Son mandat serait d’abord de combler cette carence conceptuelle, je veux dire philosophique et normative, qui est la nôtre 50 ans après Parent et après le détournement des États généraux du milieu des années 90. Pour cela, il lui reviendrait d’abord de préciser ce que collectivement nous entendons être l’éducation et les fins qu’elle doit servir. Son mandat serait ensuite de dresser un état des lieux à la lumière de ces finalités. […] Le fait que notre système d’éducation se soit voulu public, une réalité qui est aujourd’hui menacée, est sans aucun doute à préserver et à enrichir. De même, partout où il subsiste, cet idéal d’éducation entendu comme mise en contact avec des savoirs fondamentaux dans le but de rendre une personne autonome et de la préparer à l’exercice d’une véritable citoyenneté par laquelle chacun est un gouvernant en puissance, cela aussi me semble un autre acquis crucial et à préserver. Mais il est lui aussi menacé, à preuve ces attaques contre la formation générale au cégep et, plus généralement, une certaine tendance à l’instrumentalisation de l’éducation. Sur le plan des institutions léguées par Parent, les cégeps et les universités du Québec me semblent, eux aussi, des acquis infiniment précieux. […] [Enseigner] n’est pas seulement un métier ou une profession : c’est une vocation la plus noble qui soit, ceci en raison de la forte portée normative de cette activité. Nous devons aux personnes qui l’exerceront une formation de la plus haute qualité qui soit, avant de leur devoir une reconnaissance collective à la hauteur de leur tâche, laquelle s’exprimera aussi par des conditions de travail enviables. […] Mais ce souhait, comme les autres que j’exprime ici et à commencer par celui d’une commission Parent 2.0, rien de tout cela ne sera possible sans une forte demande du public.»

L’article suivant, le sixième, est une entrevue avec le sociogéographe Michel Perron, de l’UQAR, qui est aussi membre fondateur du Groupe d’action sur la persévérance et la réussite scolaire du Québec. Le texte a pour titre «Le Québec a besoin d’une véritable politique nationale en éducation». Voici des extraits :

«Les deux mots qui seraient au coeur de mon discours, ce serait territoire et conditions de vie des élèves. Un virage doit être pris pour que le système d’éducation soit moins bureaucratique et plus adapté, mais surtout plus adaptable aux réalités territoriales. Le Québec, c’est un immense territoire avec des fractures sociales, économiques, culturelles et territoriales dont on ne tient pas beaucoup compte en éducation. Les besoins diffèrent d’une région à l’autre, mais également d’un quartier à l’autre, surtout dans les milieux urbains. De ce mandat principal, je ferais deux chantiers : d’abord revoir le mode d’allocation des ressources pour tenir compte des réalités de terrain comme on le fait dans le domaine de la santé par exemple, et  donner plus de pouvoir aux écoles et plus d’autonomie aux chefs d’établissements. Il faut mettre fin à la vision électoraliste et à court terme que nous avons depuis vingt ans. Depuis 1996, je crois que j’ai rencontré les 19 ministres de l’Éducation qui se sont succédé. Le Québec a besoin d’une véritable politique nationale en éducation. Je comprends que ce que le ministre fait, c’est un pas dans la bonne direction [mais] il faut que ça s’inscrive dans une démarche plus large. Avec le groupe d’action sur la persévérance scolaire, on travaille justement à lancer une politique nationale en éducation au Québec, une politique élaborée sans partisanerie politique et proposée par la société civile avec l’appui de tout le milieu. […] Enfin, dans les travaux récents, on s’aperçoit que la distance au cégep le plus proche est aussi un facteur de diplomation au secondaire. Quand les élèves savent qu’il y a un cégep près de chez eux, ça les encourage à poursuivre leurs études. C’est une preuve de plus, s’il en fallait une, qu’il faut absolument que notre réseau des cégeps soit maintenu. [Il] faut travailler sur la formation continue des professeurs parce que les connaissances avancent rapidement. Il faut absolument permettre aux professeurs de se renouveler pour pouvoir innover, ce qui suppose des mécanismes avec du financement. Il faudrait également favoriser le mentorat pour les professeurs du primaire jusqu’à l’université. […] Beaucoup de jeunes professeurs découvrent la complexité des conditions de vie des élèves quand ils arrivent sur le marché du travail, et là, il y a un choc culturel.»

La septième entrevue est réalisée avec Mathieu Côté-Desjardins, ancien enseignant au primaire. L’article est intilulé «L’éducation comme un moteur de société». En voici quelques extraits :

«[Il faut] démontrer simplement et efficacement la mystification qui s’est faite par le ministère de « la déséducation » depuis les dernières décennies. […] J’engagerais l’ancien professeur Pierre Demers, qui est l’auteur d’une série en quatre tomes sur l’éducation humanisante. Il propose d’utiliser l’éducation comme un moteur de société. Il explique comment bâtir du sens nous ramène à la racine de ce qu’est « éduquer » pour avoir un impact autant dans la famille que dans la société. Il faudrait en outre complètement revoir la formation des maîtres. […] Peu importe la quantité d’argent lancée au problème, tant qu’on ne retourne pas à la racine de ce qu’est « éduquer », on ne peut rien vraiment accomplir qui vaille quelconque mention. Je parle, par exemple, de retrouver une sensibilité pour l’enfance, sur ce que cela signifie pour la vie et l’importance de la vivre pleinement, de préserver à tout prix la capacité d’émerveillement des enfants, de donner tout l’oxygène nécessaire à la créativité et à l’imaginaire des jeunes, ou encore de cesser ce génocide de « génies » dans les écoles, etc. […] D’abord, un système de sélection sur la base de notes scolaires ne devrait même pas être considéré, ni même être perçu comme novateur. Au contraire, il s’agit d’un moyen on ne peut plus obsolète, tout comme son diplôme qui suivra, ce qui laisse passer entre ses mailles beaucoup… beaucoup trop d’individus n’étant point dignes d’être en contact avec des jeunes. […] De plus, il faut s’assurer que le système favorise les « maîtres » ayant un grand sens critique, tout en ayant une d’ouverture d’esprit considérable. Ces deux axes sont primordiaux. Actuellement, le système scolaire nourrit, entretient et protège le contraire, et ce, à tous les niveaux.»

La dernière rencontre a lieu avec Lise Bisonnette, ancienne directrice du journal le Devoir et fondatrice de la Grande bibliothèque, dans un article intitulé «Pour arriver à une compréhension du monde», où l’on peut lire les extraits suivants :

«Nul ne devrait être admissible au titre de ministre de l’Éducation sans pouvoir, à huis clos et sans aide, exprimer sa conception de la lutte contre l’ignorance contemporaine. […] Nous avons ainsi obtenu, sans tableau blanc, une leçon magistrale pour ministre : l’éducation n’est pas un simple outil de développement économique et d’accès à l’emploi, elle devrait être une démarche pour arriver à une compréhension du monde, de son histoire, de son présent et de sa destination. Et nul ne devrait être admissible au titre de ministre de l’Éducation sans vouloir proposer ou imposer à son gouvernement l’obligation première de reconnaître formellement qu’on éduque pour éclairer, et non pour fournir du travail de cadre ou d’ouvrier dans une cimenterie soumise aux aléas du libre-échange avec les États-Unis. […] Quand on accepte la charge de gouverner, ce n’est pas pour faire arriver les trains à l’heure ou, en éducation, pour obtenir des résultats présentables aux tests internationaux. La raison d’être de l’État, c’est d’empêcher la loi du plus fort de régir la vie en société. Nous naissons tous égaux, certes, mais les inégalités s’installent dès notre premier souffle. Le système d’éducation est la première ligne de résistance à cette adversité, qui n’est pas une fatalité. […] La tâche de l’école n’est pas d’abord de multiplier les sorties en vue de former les futurs consommateurs de produits culturels, comme le réclame un milieu associatif affamé. Elle est de donner accès, d’offrir en propriété, les références culturelles, scientifiques, historiques qui permettront à chacun de penser sans recourir au téléphone. […] L’éducation devrait être la première dépense de l’État, la santé accapare tout faute d’éducation. Efficacement socialisés par le langage de la rigueur et de l’austérité, nous cherchons pourtant à éloigner de nous le calice de la dépense et, dociles, à nous prescrire de faire mieux sans avoir plus. En attendant un revirement improbable de l’ordre des priorités, il faut dénoncer les ravages scandaleux de la pingrerie durable.

Bilan de mi-parcours

Le temps est venu de faire un bilan sommaire de nos réalisations. 

Cet automne, l’équipe syndicale a commencé à élaborer un plan de travail et à définir une approche globale qui orienterait la manière d’aborder les différents dossiers qu’elle a à traiter. L’approche que nous avons choisie est de placer, autant que possible, le corps enseignant en amont des décisions plutôt qu’en réaction. Notre intention vise à éliminer une série de problèmes et de conflits avant même qu’ils ne surgissent. Nous voulons ainsi avoir une part active dans les décisions qui nous concernent en tant que communauté enseignante et collégiale et nous croyons que le SEECD peut y apporter une contribution significative.

Le premier pas à franchir est de sensibiliser les enseignants à l’importance de leur engagement au sein de la communauté. Nous souhaitons parallèlement développer une saine relation avec les gestionnaires responsables des décisions administratives. Celle-ci repose sur la reconnaissance réciproque des compétences et de l’expertise, sur l’écoute mutuelle ainsi que sur le respect et la coopération plutôt que la confrontation. Il s’agit, à notre avis, de conditions préalables à la reconnaissance et au développement de l’autonomie professionnelle des enseignants. En plus des nombreux dossiers individuels et confidentiels que nous traitons, de multiples actions ont été entreprises à l’effet de renforcer les liens qui nous unissent au corps enseignant et aux autres communautés qui oeuvrent au sein du cégep.

Cette perspective place le syndicat dans une position différente de celle qu’on lui attribue habituellement. Notre approche se veut constructive, créative et souple et elle implique un rapport au temps qui est différent. Si ses effets se feront sentir à moyen et à long termes, déjà nous croyons pouvoir en identifier quelques-uns. Dans ce 4e numéro de Panorama21, nous vous présentons ce que nous estimons être différentes avancées réalisées depuis le début du trimestre. Elles sont modestes mais concrètes. Surtout, elles sont motivantes et donnent de l’espoir.

Comme l’écrit Srdja Popovic, « La vie prend tout son sens — et elle est aussi beaucoup plus amusante — quand vous la prenez en charge et vous lancez dans l’action. »

Bonne fin de trimestre!

Le temps du dialogue et de la coopération

La négociation de 2015 a permis de semer les graines de quelque chose qui dépasse la mobilisation : la coopération.

L’an passé, à pareille date, nous étions mobilisés afin de dénoncer la lenteur des négociations, mais surtout pour demander au gouvernement de nous reconnaître à notre juste valeur et pour lui faire comprendre que tout recul sur nos conditions de travail actuelles était inacceptable. Bravant le froid et la pluie, nous sommes restés debout. Drummondville a connu l’une de ses plus grandes manifestations depuis des lustres. Dans cette effervescence, nous avons eu l’occasion d’avoir de belles discussions avec nos collègues, mais surtout de faire connaissance avec des collègues qui nous étaient jusqu’alors presque inconnus.

Aujourd’hui, nous les saluons et discutons avec eux, qu’ils soient employés de soutien, enseignants, professionnels ou cadres. La grève a permis de créer des liens. Il faut maintenant resserrer ces nouveaux liens.

Participation

Tous les membres « constituent » le syndicat et les assemblées sont des moments importants pour discuter de l’avenir de notre profession et du développement du cégep, notre milieu de vie. Des décisions importantes sont prises lors des assemblées mais, malheureusement, on constate souvent une sous-représentation des membres. Votre opinion est importante. Venez la partager en assemblée et prenez part aux décisions qui vous concernent directement.

Appel à la collaboration

Une multitude de projets se développent au cégep en ce moment. Il arrive parfois qu’un projet soit porté par une seule personne. Lorsque cette personne n’a plus le temps ou l’énergie nécessaire pour s’occuper du projet, ce dernier peut disparaître ou être laissé à l’abandon. Il ne faut pas avoir peur d’aller voir nos collègues pour leur proposer notre aide ou notre participation. À titre d’exemple, une personne qui aime la nature et le jardinage peut s’impliquer dans le « décor comestible » du cégep. Le club de lecture ou encore les soirées d’astronomie permettent de magnifiques échanges sur des sujets passionnants. Pour ceux et celles qui aiment les arts, aller voir, avec d’autres collègues, les spectacles de danse ou de musique de nos étudiants et étudiantes peut être très intéressant.

Chaque petite action que nous faisons porte des fruits et permet de rendre concrète la « dimension humaine ». Nous pouvons tous ensemble faire du cégep un milieu de vie passionnant et motivant. Bref, la force du nombre rend nos décisions davantage légitimes et cela démontre notre réelle volonté de nous impliquer au cégep. Il faut garder à l’esprit qu’il n’y a pas que les grands combats qui unissent, mais également les petits projets locaux. C’est par le dialogue avec nos différents collègues que l’on comprend mieux la diversité des rôles dans le cégep et également leur importance !

Un métier complexe

Si le métier de professeur est complexe, c’est qu’il y a un être humain derrière ce rôle de transmetteur de connaissances.

Tout un chacun vit des situations familiales qui peuvent être, à certains moments de sa vie, difficiles et complexes. Malgré tout, nous nous présentons devant la classe en laissant derrière nous notre famille et nos amis, pendant quelques heures, afin de nous consacrer à l’enseignement. Certains élèves à qui nous nous adressons débordent d’enthousiasme et démontrent un réel intérêt à enrichir leurs connaissances et à acquérir de nouvelles compétences. Évidemment, d’autres sont là pour passer le temps ou pour avoir une note, tout simplement, afin de continuer dans la trajectoire sociale qu’ils se sont donnée. Néanmoins, quelles que soient les motivations de l’élève, il est indéniable que la relation qui s’établit entre l’enseignant et lui va permettre à chacun de grandir et d’évoluer comme personne.

Nous avons en face de nous une multitude d’individus qui ont des expériences variées et nous devons être en mesure de nous adapter à cette diversité, tout en demeurant professionnel. Le film The Detachment présente à merveille cette facette de la réalité des enseignants. On voit des enseignants désabusés et dépassés, mais également des enseignants confiants et motivés à toujours amener l’élève à se dépasser plutôt qu’à niveler leur enseignement par le bas.

Je me rappellerai toujours une collègue au secondaire qui me disait, à la suite d’une rencontre de parents, que le métier d’enseignant est l’un des métiers les plus ingrats, car tout le monde pense pouvoir le faire et, surtout, le faire mieux que nous. Au cégep, nous n’avons pas de contact avec les parents, malheureusement ou heureusement diront certains, mais il est indéniable de reconnaitre que les parents sont les premiers guides de nos élèves. Nous travaillons souvent avec les parents, généralement sans le savoir, à la réussite et au développement personnel de nos élèves. J’invite ceux qui en doutent à participer à la cérémonie de remise des diplômes qui a lieu quelques jours après la Journée mondiale des enseignants. Les élèves sont très fiers de nous présenter à leurs parents, et ces derniers nous regardent avec beaucoup de gratitude et de reconnaissance.

La Journée mondiale des enseignants, le 5 octobre, est importante à souligner, mais nous vivons aussi plusieurs journées qui nous rappellent le rôle important que nous jouons dans la société.